Candido Portinari

Candido Portinari est l’un des artistes brésiliens majeurs du modernisme. Auteur d’une œuvre très vaste, ses peintures murales sont exposées dans des ministères de son pays natal mais aussi au siège de l’ONU, à New York. Devenu célèbre dès le début des années 1930, il se voit confier de nombreuses commandes sous la présidence de Getúlio Vargas. Portinari restera fidèle à l’ancien ministre de l’Éducation alors même que le gouvernement prend de plus en plus des allures de dictature, ce qui lui vaut de nombreuses critiques.

Au début des années 1940, Portinari peint toute une série d’œuvres sur le thème des migrants. L’une des plus célèbres est cette toile grand format réalisée en 1944, véritable icône du modernisme brésilien ! L’artiste représente un paysage aride avec des montagnes à l’arrière-plan. Une famille regroupant toutes les générations, de l’enfant en bas âge au vieillard, se tient au milieu. Ils portent tous des vêtements abimés et sont pieds nus. Ils semblent porter l’ensemble de leurs affaires dans quelques baluchons. Leurs visages sont marqués par la souffrance et la pauvreté. Leurs corps amaigris et leurs ventres gonflés indiquent la faim et le manque. Derrière le groupe de personnages, on peut voit une nuée d’oiseaux noirs qui semblent attendre la mort de l’un d’entre eux. Le paysage désertique parsemé d’os nous indique la raison qui pousse cette famille à fuir : en raison de la sécheresse, elle est contrainte de quitter le nord-est du pays pour aller chercher du travail ailleurs, peut-être en ville.

L’artiste ne dépeint pas ici des immigrés venus d’Europe ou d’Afrique, mais l’immigration à l’intérieur du Brésil lui-même. En raison de crises économiques, parmi lesquelles le crash boursier de 1929, et de périodes de sécheresse, les vagues de migration et l’exode rural se multiplient. Lorsqu’il réalise ce tableau, Portinari est engagé politiquement et socialement. Candidat aux élections législatives pour le parti communiste, il ne sera toutefois pas élu.