Le Corbusier

Pendant sa formation à La Chaux-de-Fonds, Le Corbusier dessine déjà des études de la nature d’après des pommes de pin ou des fleurs. Au fil des décennies, il se crée ainsi une « collection particulière » composée d’œuvres d’art contemporaines, d’artisanat grec et byzantin, d’objets datant de l’Antiquité, mais aussi de toutes sortes de bibelots, de produits naturels et d’environ 2000 cartes postales. Pour des raisons d’ordre esthétique, cette collection lui fournit des « objets à réaction poétique ». Cela peut tout aussi bien être une carapace de crabe, qui lui sert d’inspiration pour le toit de la chapelle de Ronchamp, qu’un galet ou une racine qui débouche dans les années 1950 sur le motif du taureau. Dans une représentation datant de 1948, Le Corbusier assemble le dessin de deux coquilles d’escargot et une photographie de la façade d’une villa conçue par ses soins. Voici ce qu’il déclare à ce sujet :

« Un bâtiment est comme coquille d’escargot, entourée d’un jardin qui offre de la nourriture à la fois matérielle et spirituelle ».

Il existe partout des connexions et des relations susceptibles de conduire à une réaction. La collection de Le Corbusier fait partie de sa « recherche patiente » et de sa quête d’ordre et de classification. Aux yeux de Le Corbusier, l’apparence, la couche superficielle de la nature est chaotique. Les contours des lacs ou des montagnes lui apparaissent « hachés, fragmentés » et ne sont rien d’autre que « confusion ». Grâce à la collecte, à la classification, à la sélection et à la recherche, Le Corbusier tente de trouver des règles, des lois et des structures afin de mettre de l’ordre dans ce chaos.

« L’être humain est une créature de l’univers et incorpore ce dernier dans sa position ; il agit selon ses lois, il pense les avoir déchiffrées ; il les a formulées et intégrés à un système cohérent, un niveau de connaissances rationnel selon lequel il peut agir, inventer et créer. »