Paul Klee

Paul Klee a peint cette aquarelle pleine d’humour en 1933, l’année de l’accession au pouvoir des nazis en Allemagne. En raison de ce changement, Klee est licencié dans l’année de son poste à l’académie des beaux-arts de Düsseldorf. Fin 1933, il quitte l’Allemagne avec son épouse Lily et retourne dans sa ville natale, Berne. Dans de nombreuses œuvres de cette année-là, Klee fait référence aux conséquences sociales de ce bouleversement politique. Parallèlement, il peint et dessine également toujours des œuvres fantaisistes, satiriques et pleines d’humour comme celle présentée ici, intitulée Leontine.

Une fois de plus, technique picturale et contenu vont ici de pair. Dirigez votre regard vers les lignes tracées au pinceau ! Ce visage semble composé d’une seule ligne qui se déroule en de multiples courbes, angles et boucles, comme tracée au hasard et dans un seul mouvement rapide. Toutefois, la ligne de Klee ne représente pas les détails qu’on attendrait d’un visage, comme un nez, des yeux, une bouche ou des joues. En fait, elle n’est que pur mouvement. Tout ce qui fait de cette construction de lignes un visage est peint par Klee dans une autre couleur : des yeux bleus avec des pupilles noires, la superbe bouche rouge au sourire malicieux ou encore les oreilles composées de lignes courbes. Cette approche ludique des moyens picturaux correspond à l‘expression du visage ainsi qu’au nom de celle qui est représentée ici, Leontine.

Comme Klee l’a lui-même évoqué, ses visages humains sont plus vrais que nature. Il ne réalise en effet pas de portraits en reproduisant aussi fidèlement que possible leurs traits, il invente plutôt de nouveaux êtres et de nouveaux visages dont il montre le caractère à l’aide de tous ses moyens picturaux, à savoir la couleur, la forme et la ligne.