Paul Klee

L’œuvre « Fleur bleue » a été réalisée en 1939, l’année la plus productive dans la création de Paul Klee. Sur un fond bleu foncé se détachent schématiquement des motifs de fleurs et de feuilles. Au centre, on peut voir une forme aux contours noirs avec des excroissances dentelées, qui ressemble à une feuille ; elle est entourée de diverses fleurs. Ce motif en surface contraste avec la profondeur du bleu. Klee s’est intensément penché sur l’effet psychologique et le symbolisme de cette couleur. L’associant avec le ciel ou avec l’eau, celui qui la contemple est plongé dans un espace de couleur méditatif, qui comporte quelque chose de mystérieux, de mélancolique.

Dans les peintures de Klee, les motifs botaniques n’invoquent pas la vie paisible et l’idylle champêtre, mais renvoient à un univers de signification particulier. Par la représentation de plantes, il exprime sa croyance dans la continuité de la vie et dans les forces de la nature qui ne cessent de se renouveler. En dessinant la délicate fleur bleue à droite de la peinture, à côte de la grande forme feuillue dentelée, Paul Klee fait allusion au dualisme entre le bien et le mal. Contrairement à d’autres travaux, l’œuvre « Fleur bleue » ne place pas la fécondité créative à l’avant, mais bien l’aspect menaçant de la nature et sa vulnérabilité.

Par ce titre, Klee évoque un motif devenu un des principaux symboles du romantisme allemand. La « Fleur bleue » symbolise le monde insaisissable par la raison ainsi que la nostalgie romantique de l’infini comme dans l’extrait du roman « Heinrich von Ofterdingen » de l’écrivain Novalis, écrit en 1802. Dans celui-ci, le héros tombe sous le charme de la fleur bleue qui incarne pour lui le but de sa quête spirituelle et le symbole de l’amour.

Klee lui-même a défini son style comme un « romantisme froid ». Dans sa création artistique, des motifs romantiques tels que la lune, les étoiles, les rêves, les voyages imaginaires, des personnages ailés et des anges constituent dès 1918 les thèmes dominants.