Anni Albers

Dès l’époque du Bauhaus, Anni Albers commence à concevoir les textiles les plus divers avec des propriétés données en utilisant les fibres adaptées. Durant sa longue carrière, elle développe des tissus destinés à des rideaux, des cloisons, des revêtements muraux, des coussins, mais aussi des vêtements. Dans son exposition de 1949 au musée d’art moderne de New York, Albers présente pour la première fois ses créations polyvalentes. Elle garde constamment en mémoire l’utilisation finale dans le choix des matières et exploite ou développe elle-même de nouveaux tissus faits de mélanges spécifiques de matières. Celles-ci peuvent être par exemple réfléchissantes, lavables ou ininflammables. En 1947, elle formule la remarque suivante à ce propos :

« Moins nous nous mettons en travers du chemin du matériau, des outils et des machines et plus nous aurons de chances que notre travail ne soit pas daté, qu’il ne porte pas la marque d’une période déterminée dans le temps et qu’il ne se démode pas un jour. […] Il ne survivra aux modes que s’il possède à la fois des qualités durables et éphémères. »

Anni Albers a conçu beaucoup de ces tissus techniques pour le compte d’entreprises. À partir de 1951, elle réalise pendant environ trente ans des designs pour le département textile de la société Knoll. À la fin des années 1970, elle commence à collaborer avec Sunar Textiles, puis plus tard avec S-Collections. Pour cette dernière, elle conçoit en 1982-1983 le tissu Melfi à base de coton. Il s’agit d’une étoffe semi-transparente avec un motif de zigzags brodé à la machine et mordancé à l’acide. Les fils brodés sont en outre coupés à la machine. Les créations d’Albers sont produites en masse par les sociétés à l’aide de machines. Elle peut désormais mettre en application ce qu’elle revendiquait à l’époque du Bauhaus : une tisserande expérimentée, dotée d’une excellente connaissance des matériaux et des techniques, développe et conçoit des textiles pour la production industrielle.